Didier
Borgeaud
Mes Racines
Né dans le sud de la France, dans les embruns de la Méditerranée je suis photographe depuis 1982 et je vis à Nerja, en Andalousie, depuis 2008.
Je suis passionné par la lumière, les paysages et les chevaux.
L’Espagne m’a accueilli avec une telle générosité que, dix ans après m’y être installé, j’ai voulu lui témoigner ma gratitude. J’ai demandé et obtenu la nationalité espagnole, pour faire de ce pays, symboliquement et officiellement, le mien.
Une Philosophie
Je ne me considère pas comme autodidacte : on apprend toujours des autres, des photographes qui nous inspirent, des ouvrages techniques que nous dévorons, des stages auxquels nous participons humblement,et des maîtres que nous croisons. Mais surtout, on apprend de nos échecs, de nos émotions, et de notre soif d’aller toujours plus loin.
Ma photographie est guidée par une philosophie simple : rester un éternel étudiant. J’aime apprendre, m’émerveiller, recommencer.
J’essaie de rester fidèle à cette maxime :
« Ne demande jamais ton chemin, tu risquerais de ne pas te perdre. »
Mes Débuts
À 16 ans, j’ai passé tout un été à travailler comme serveur dans une brasserie pour m’acheter mon premier reflex Mais au final, je n’ai rien eu à acheter.
Un vieil homme sans âge venait boire son café chaque jour, J’adorais l’écouter toute sa vie professionnel il avait été photographe de montagne. Il me racontait ses longues heures d’affût pour saisir un chamois, ses randonnées solitaires à la recherche de la bonne composition, la magie d’un rayon de lumière traversant une forêt d’automne. Sans le savoir, il a été l’alpha de 45 ans de passion. Je ne me souviens pas de son nom et j’en ai honte, .mais sa générosité a été le point de départ de tout. À la fin de l’été, il m’a offert quelque chose dont je n’aurais même pas osé rêver :
un Hasselblad 500cm et trois objectifs Carl Zeiss.
La Toute Première Photo
À cet âge adolescent, ma seule obsession photographique était de photographier nue ma petite amie du moment.
Pour être honnête, ce n’était ni innocent, ni très artistique —
plutôt le romantisme d’un garçon boutonneux de seize ans.
L’art comme alibi pour percer le mystère qui se cache sous les jupes des filles…
Au final, je n’ai pris qu’une seule photo. Très pudique.
Avec le temps, elle est devenue le symbole de cette innocence,
et de ma découverte de ce qu’est réellement la photographie :
non pas prendre, mais rendre hommage. Observer. Aimer.
Un Parcours Nomade
J’ai vécu quelques années au Nouveau-Brunswick (Canada), puis au Chili pendant trois ans et demi.
Là-bas, j’ai travaillé comme photographe d’événements pour l’Ambassade de France,
réalisé des portfolios pour de jeunes mannequins chez Elite Chile,
collaboré avec une agence de publicité,
et travaillé pour Carrefour et Canson Amérique du Sud.
J’y ai aussi fondé une entreprise de cartes postales,
qui m’a permis de voyager du désert d’Atacama à la Tierra del Fuego,
en passant par le Pérou, la Bolivie, la Patagonie et les Andes.
Des années d’aventure, de lumière, de rencontres.
Je suis revenu fauché, mais riche d’expériences,
avec le sentiment profond d’avoir vraiment vécu.
Nerja, un Retour à l’Origine
J’ai découvert Nerja pour la première fois dans ma jeunesse,
lors d’un voyage au Maroc avec ma petite amie de l’époque.
Nous avons traversé le détroit de Gibraltar de Tanger à Tarifa,
et pris un autobus au hasard…
Nous sommes arrivés tard dans la nuit.
Nous avons dormi sur des transats, sur la plage,
une cruche de sangria à la main, bercés par le bruit de la mer.
Le lendemain matin, nous sommes repartis.
Je n’ai fait que traverser le centre du village —
mais quelque chose est resté en moi.
Des décennies plus tard,
quand j’ai ouvert ma troisième entreprise en Espagne,
le choix s’est imposé de lui-même :
ce serait Nerja.
Ma Manière de Photographier
Je ne suis pas un photographe de l’instant.
Je ne déclenche jamais sur un coup de tête.
Je visualise souvent une photo pendant des mois, parfois des années,
avant même de sortir mon matériel.
Je retourne souvent aux mêmes endroits — sans appareil —
pour observer la lumière, les ombres, la météo,
l’heure du jour, le silence…
Quand je prends enfin la photo,
je sais déjà quel objectif utiliser,
quelle hauteur de trépied, quel filtre, quelle exposition.
J’utilise encore une cellule à main.
Je travaille lentement, à l’ancienne.
Je fais rarement plus de deux ou trois clichés.
Ma pratique est méditative, sans stress.
Le paysage est patient.
Je peux y revenir encore et encore,
jusqu’à ce que le moment de grâce se présente.
Une Photographie Intime
Je photographie avant tout pour moi-même.
Ma relation à l’image est personnelle, presque égoïste.
Si je ne ressens plus rien pour une photo, je ne la montre pas —
même si quelqu’un veut l’acheter.
Je ne suis pas frustré lorsqu’un paysage me résiste.
Je sais qu’il est là, qu’il m’attend.
Je ne publie pas pour être vu, ni pour nourrir les réseaux.
Si je parviens à produire deux images vraiment réussies dans l’année,
c’est une grande année.
Et cela me suffit.
Je ne cherche pas à prouver,
mais simplement à vivre.
Et Maintenant ?
Aujourd’hui, alors que j’approche de soixante ans,
je suis devenu le vieux bonhomme.
Mais je marche encore 10 à 15 km par jour,
chaque jour, en toutes saisons.
Désormais, je veux aussi partager — humblement — mon amour du paysage :
mes astuces, mes lieux favoris,
mes conseils de composition,
mes moments de rire,
et mes soirées silencieuses à regarder le soleil se coucher.
Parfois, tellement absorbé par la beauté du monde,
j’en oublie d’appuyer sur le déclencheur.
Et tu sais quoi ?
C’est très bien comme ça.